
En juin 2023, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche publiait une note de cadrage pour former, à compter de septembre 2025, tous les étudiants de premier cycle aux enjeux du développement durable et de la responsabilité sociétale (DDRS). Première étape d’un processus visant à déployer la formation à la Transition Écologique pour un Développement Soutenable (TEDS) pour tous les étudiants, étudiantes et personnels de l’Enseignement supérieur et la Recherche. Pour accompagner et favoriser la mise en œuvre de cette formation TEDS à l’UBO, Chloé Trividic, ingénieure pédagogique au Siame, a été nommée chargée de mission TEDS en décembre 2024. Retour avec elle sur ce vaste chantier.
Avant la publication de cette note de cadrage ministérielle, où en était l’UBO dans l’enseignement des TEDS ?

Chloé Trividic : Nous avions été en quelque sorte précurseurs puisque, depuis déjà 3 ans, une unité d’enseignement (UE) SEA-EU répondant en partie à cette thématique était dispensée aux L1. L’enquête qui a été lancée entre février et mars 2025 auprès de la communauté enseignante a également montré que de nombreuses initiatives étaient déjà engagées par les enseignantes et enseignants. Beaucoup intègrent déjà spontanément cette dimension à leurs cours en licence, et surtout en master. Nous ne partions donc pas de zéro, bien au contraire ! Et avec un gros atout en mains : une communauté universitaire très engagée sur le sujet. Mais il était indispensable de faire évoluer les contenus existants en les enrichissant et en les adaptant au cadrage ministériel qui met l’accent sur 4 thématiques : le changement climatique, les ressources et leurs disponibilités, la biodiversité et sa préservation, une transition juste et équitable.
Alors que le premier niveau du parcours TEDS dédié aux L1 doit débuter en 2025-2026, où en sommes-nous et quel a été le process mis en place ?
C. T. : Notre postulat de départ a été de penser sur le long terme en envisageant d’emblée un parcours complet de la licence au master. Nous ne voulions pas d’une approche «Top-down», mais, au contraire, être au plus près des spécificités des composantes en matière d’intégration de la TEDS aux enseignements. D’où l’enquête. Dès septembre 2024, nous avons monté un groupe de travail (GT) réunissant une quinzaine de membres du personnel reconnus pour leurs compétences et connaissances en matière de DDRS ou d’innovation pédagogique. Le GT a mené un travail d’analyse de l’existant, qui a été complété par l’enquête, et a émis des propositions qui ont ensuite été soumises au copil TEDS.Dès février 2025, deux sous-groupes thématiques ont travaillé plus spécifiquement sur l’accompagnement de la communauté enseignante pour l’un et sur l’UE dédiée aux L1 pour l’autre.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le contenu et le format de l’UE justement ?
C. T. : L’UE « Sociétés en transitions : comprendre pour agir » s’inspire de l’UE SEA-EU existante et intègre également le mooc VSS. Ce module de sensibilisation en ligne a été développé en 2024, dans le cadre du plan national du ministère, sous le pilotage de Dorothée Guérin, vice-présidente Égalité et Lutte contre les VSS. Si l’affichage SEA-EU disparaît avec ce nouvel intitulé et avec la réingénierie des contenus, la dimension européenne est conservée. Et les grands axes du projets SEA-EU seront bien représentés dans les contenus actualisés. La thématique de la transition juste et équitable ne sera pas non plus réduite au seul contenu du mooc VSS.
L’UE comptera 25 heures, dont 22 en distanciel. 18 heures se concentreront sur les 4 thématiques identifiées comme prioritaires par le ministère et 4h seront dédiées à la sensibilisation aux VSS. Les étudiantes et étudiants qui la valideront seront crédités de 2 ECTS*. Ce cadrage ainsi défini a été validé par le conseil de la Formation et de la Vie universitaire (CFVU) du 27 mai pour une mise en œuvre au second semestre. Il reste maintenant à en développer les contenus et à identifier les enseignantes et enseignants de toutes disciplines qui y contribueront, car cette UE sera profondément transdisciplinaire. Ce sera le rôle des deux futurs responsables pédagogiques de l’UE qui seront accompagnés par les ingénieures pédagogiques du Siame pour la partie scénarisation des enseignements et conception des supports. Mais pour l’heure, ce binôme n’a pas encore été nommé. Un appel à volontaires devrait être bientôt lancé.
Bien sûr, la première année sera expérimentale. Elle permettra de tester les modalités de ces enseignements et de mesurer comment ils sont reçus par les étudiantes et étudiants.
Une fois l’UE mise en place, quelles seront les étapes suivantes ?
C. T. : Si on se réfère au cadrage ministériel, il restera 1 ECTS et 5h à mettre en œuvre. Il faudra donc réfléchir aux deux autres niveaux du parcours, dédiés aux L2 et L3 et pour lesquels une approche par discipline et par projet ont été retenues. Nous souhaitons également parvenir à valoriser l’engagement étudiant dans des projets liés à la TEDS. Ce travail sera mené en lien étroit avec les composantes afin de nous adapter à leur spécificités propres. Et, aussi en nous appuyant sur un réseau de référents TEDS. L’idée est de pouvoir mettre en lien les collègues qui ont déjà mis en place des initiatives pour favoriser les échanges et l’essaimage.
Nous allons bien évidemment continuer l’accompagnement qui a été amorcé cette année auprès de la communauté enseignante. L’UBO Open Factory a conçu et expérimenté un ensemble d’ateliers d’accompagnement aux Transitions auprès de la communauté universitaire. Ces ateliers concrets, décrits dans l’article « Se former aux transitions », seront de nouveau ouverts en 2025-2026, à tous les collègues qui souhaitent se former ou approfondir leurs connaissances. Avec le pôle DDRS, nous travaillons également sur un module qui s’adresserait plus spécifiquement aux ambassadeurs et ambassadrices DDRS, mais qui pourrait plus largement être proposé à l’ensemble des personnels administratifs.
Enfin, la refonte des maquettes de formation, qui intervient tous les 5 ans et qui est prévue pour 2028, devrait être une opportunité d’intégrer les TEDS à nos enseignements. Les retours d’expériences des autres universités avec lesquelles nous sommes en contact témoignent qu’il n’y aucune discipline dans laquelle les transitions n’ont pas leur place.Je suis intimement convaincue que c’est le rôle de l’université que de former à ces enjeux, en corrélation avec le milieu socio-économique dans lesquels nos étudiantes et étudiants vont s’intégrer, et où il y aura de plus en plus de besoins spécifiques sur ces compétences en matière de durabilité. Sans compter que l’université est un levier de changement des mentalités. Les enjeux sont donc cruciaux et ça ne peut donc pas être un projet abordé comme les autres. Nous réfléchissons actuellement à faire évoluer la gouvernance du projet en impliquant davantage les étudiantes et les étudiants et en puisant dans les principes d’une organisation capacitante : « le pluralisme, la participation, le développement, la justice et la responsabilité ». Aussi, j’invite toutes celles et tous ceux qui souhaitent s’emparer de ce sujet à participer à se manifester.
* Le système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS) est un outil de l’espace européen de l’enseignement supérieur. Il aide les étudiantes et étudiants à se déplacer d’un pays à l’autre et à faire reconnaître leurs qualifications universitaires et leurs périodes d’études à l’étranger. L’ECTS permet ainsi aux «crédits» acquis auprès d’un établissement d’être comptabilisés pour l’obtention d’une qualification dans un autre établissement.