Edith Gaillard (Université de Bretagne Occidentale, Labers),
Présentation générale du séminaire
De quoi parle-t-on quand on associe le genre et l’écologie ? Pourquoi convoquer au côté de l’écologie le concept de genre et non le féminisme comme théorie critique ? Porter le regard sur les territoires n’amène-t-il pas à reconsidérer le vocable de l’écologie au profit de l’environnement, de la nature, du développement durable ou encore de la biodiversité… ?
L’articulation du genre et de l’écologie à partir des territoires engage un travail de définition de l’ensemble de ces notions. De quelles manières articuler ces trois niveaux : le genre, l’écologie et les territoires ? Cette première séance introductive du séminaire sera consacrée à cet essai de clarification. Nous croiserons les regards et les spécialisations disciplinaires : de la sociologie de l’environnement à la sociologie du genre, de l’urbanisme et de l’architecture. Nous considérerons les « communs » théoriques et conceptuels ou les spécificités d’approche et tenterons de démêler les différentes conceptions.
Philippe Boudes (enseignant chercheur à Agrocampus Ouest – UMR CNRS Espaces et Sociétés et Elsa Koerner (doctorante à l’université Rennes 2- UMR CNRS Espaces et Sociétés), Genre et sociologie de l’environnement : une présence paradoxale.
Les approches sociologiques de l’environnement et du genre entretiennent une forte proximité, ce qu’illustre notamment les travaux se revendiquant de l’écoféminisme – qui ne limitent pas leurs propos à la sociologie mais l’englobent en partie. Cependant, du strict point de vue de la sociologie de l’environnement, la présence de la thématique du genre demeure paradoxale : elle alimente régulièrement ce courant et contribue à la visibilité des enjeux sociaux de l’environnement, mais elle peut être paradoxalement périphérique voire absente et brouille les frontières entre ces deux entrées – genre et environnement. Cela tient-il aux caractéristiques propres de ces courants, par exemple à leur définition inachevée, entre sociologie, studies, interdisciplinarité, et écologie politique et mouvement féministe ; à leur formalisation récente au sein de la sociologie ; à leur proximité avec des sphères dites militantes ; à la sociologie ou à l’épistémologie même de ces champs ?
Afin de contribuer à cette réflexion sur les liens entre genre et environnement, nous nous appuierons principalement sur des panoramas internationaux de la sociologie de l’environnement pour identifier la place des questions et études de genre en leur sein et leurs spécificités. Dans un second temps, nous ciblerons de manière privilégiée les contributions françaises pour statuer sur cette présence paradoxale et sur l’actualité des croisements entre genre et environnement. Enfin, nous saisirons l’occasion de cette réflexion pour présenter un travail en cour de formalisation sur l’articulation des politiques urbaines de genre et de végétalisation, travail qui s’appuie sur la sociologie de l’action publique pour analyser la construction des politiques urbaines et la transformation de l’espace publique du point de vue de l’égalité de genre et du verdissement des villes.
Bibliographie indicative :
Braidotti, R., Charkiewicz, E., Häusler, S., & Wieringa, S. “Les femmes, l’environnement et le développement durable”, in Christine Verschuur et Fenneke Reysoo, Genre, mouvements populaires urbains et environnement. Genève, Cahiers Genre et Développement, n°6, Genève, Paris : EFI/AFED, L’Harmattan, 2007, pp. 19-29
Deldrève, V., Pour une sociologie des inégalités environnementales, P.I.E. Peter Lang, Collection Ecopolis, 2015.
Laugier, S., Falquet, J. & Molinier, P. Genre et inégalités environnementales : nouvelles menaces, nouvelles analyses, nouveaux féminismes: Cahiers du Genre, 2015, 59, (2), 5-20.
Maris, V., « Quelques pistes pour un dialogue fécond entre féminisme et écologie », Multitudes, 2009/1 (n° 36), p. 178-184. DOI : 10.3917/mult.036.0178. URL : https://www.cairn.info/revue-multitudes-2009-1-page-178.htm