Le 10 et 11 novembre 2017, une délégation de l’UBO s’est rendue à la COP23, à Bonn, pour participer à la réflexion sur les enjeux qui lient l’océan au bouleversement climatique. Elle a participé à deux journées durant lesquelles ont été rappelés les impacts de ce dérèglement sur l’océan comme écosystème, certes, mais où ont aussi été abordées les questions de pêche et aquaculture, de déplacements de populations ou encore d’énergies marines, de carbone bleu, et de financement.
La délégation a également participé à la réunion de l’Alliance des Initiatives Océan Climat (https://ocean-climate-alliance.org), projet porté par la POC (Plateforme Océan Climat : http://ocean-climate.org/?lang=en) dont l’UBO est membre, et est à ce jour la seule université dans ce cas. Cet organisme est particulièrement important dans la mesure où il est à l’origine de la campagne qui a permis la prise en compte de l’océan dans les Accords de Paris.
Elle a enfin proposé la tenue, pour la prochaine COP, d’un pavillon Océan, idée que la présidence fidjienne de la COP23 a reprise et dont la réalisation est souhaitable pour accentuer la prise en compte de l’importance de l’océan dans les processus climatiques et des impacts qu’il subit.
En effet, l’océan a la particularité d’être à la fois un élément fondamental dans la régulation de la machine climatique, et victime du réchauffement. Régulateur parce qu’il absorbe 25% du CO2 et 97% de la chaleur supplémentaire que les humains émettent. En particulier, les écosystèmes côtiers jouent un rôle majeur dans la séquestration du carbone. Victime, parce que cette absorption a des conséquences graves sur sa composition : aujourd’hui, son acidité a augmenté de 25% par rapport à l’ère préindustrielle (plus exactement, il est de 25% moins basique), ce qui influence les processus de calcification, et contribue notamment à la destruction des récifs de coraux. Victime encore par la désoxygénation qu’il subit, de 2% en moyenne, mais avec un taux pouvant aller jusqu’à 30% au large de la Californie. Les dead zones ainsi créées ne permettent plus la vie d’espèces macroscopiques.
Il est donc crucial que les enjeux liés à l’océan constituent un axe majeur de la réflexion et des négociations climatiques et la COP24, qui dressera le bilan des engagements destinés à juguler le réchauffement climatique à 1,5° C, ne pourra se passer d’une compréhension solide de ces questions.
C’est d’autant plus fondamental que le bilan de la COP23, quelques jours après sa clôture, reste mitigé. Certes, aucun accord n’était attendu à l’issue des négociations qui se sont tenues cette année ; leur rôle essentiel était de permettre l’accélération de la mise en œuvre des objectifs des Accords de Paris, qui sera, elle, discutée à la COP24, en 2018. En effet, dans l’état actuel des choses, le réchauffement risque de se situer autour de 3° C en moyenne (ce qui signifie des hausses bien plus élevées dans les pays chauds ; ainsi des hausses de 8° C sont attendues dans certaines régions d’Afrique). Pour cela, la présidence fidjienne de la COP23, qui garde ce statut jusqu’à la prochaine COP, a proposé de tenir en 2018 un « dialogue de Talanoa », une manière venue des cultures du Pacifique de discuter de manière constructive, de débattre pour aller vers une décision communément acceptée.
Pour autant, malgré l’urgence reconnue de la nécessité de l’action, des résultats encourageants peinent à faire jour – et l’année 2017 a en effet vu le redémarrage à la hausse des émissions de CO2, tandis que certains pays comme l’Inde connaissent des alertes à la pollution jamais vues. Les financements nécessaires à l’action climatique, et notamment au Fonds destiné au soutien aux pays en développement, premières victimes du changement climatique, à la fois par leur situation géographique dans des zones sensibles, et par leur situation économique vulnérable, restent nettement insuffisants. Or à Bonn, les pays développés sont presque tous venus sans apports pour ce Fonds. De plus, les observateurs ont remarqué qu’aucun leader de l’action climatique ne se dégageait à l’issue de cette COP, et que des tensions internationales jusque là atténuées tendaient à reparaître.
Pour clore ce rapide état des lieux sur une note positive, notons toutefois que si les négociations qui se sont tenues en zone officielle ont laissé une impression décevante, le dynamisme de l’action perceptible dans la zone de la société civile était lui encourageant.